« Run Away » Lily Haime et Rohan Lockhart

Lily Haime et Rohan Lockhart sont deux auteurs que j’affectionne particulièrement, alors comment résister à leur nouvelle collaboration ? Croyez-moi, je me suis jetée sur ce livre dès sa sortie et je ne l’ai vraiment pas regretté. Vous avez vu cette sublime couverture ? Elle est tout simplement magnifique et met parfaitement en valeur les personnages de Kyan et Andréas. Je n’ai qu’un conseil : si vous avez envie d’une romance douce, drôle, lumineuse, qui se savoure comme un bonbon, met des étoiles dans les yeux et fait palpiter le cœur, alors n’hésitez surtout pas à découvrir « Run Away ».

Commençons par découvrir Andréas. Enfant issu d’une famille modeste, il a abandonné son rêve de devenir architecte pour aider sa famille. Il travaille énormément, aide sa tante Mélina dans son restaurant, sort avec ses amis. C’est quelqu’un d’entier, de franc, qui a le cœur sur la main. Mais il sent que quelque chose manque dans sa vie pour être heureux.

« Le jour déclinait déjà, j’avais toujours aimé rouler à ces heures. Quand la nuit n’était pas tout à fait là et que tout pouvait encore arriver. Ce moment, coincé entre deux états, entre deux pensées, entre deux envies. Je me sentais souvent comme ça aussi. Entre deux… Comme si je n’avais pas vraiment trouvé qui j’étais. Pas complètement. »

Kyan vient d’arriver à Chicago où il ne connaît personne. C’est un geek solitaire, maladroit, qui a beaucoup de mal à communiquer. Il a une très mauvaise image de lui. Ce passionné de dessin ne s’épanouit pas dans son boulot de graphiste, il préfère de loin croquer des contenus érotiques sur son Patreon. Lui non plus n’est pas vraiment heureux.

« Le manque d’opportunité, le fait de ne pas sortir, de n’avoir aucune interaction sociale en dehors d’internet et de mes amis proches…
À l’orée de mes trente ans, tout restait désespérément vide.
Parfois ça me travaillait.
Et la plupart du temps, j’évitais d’y penser et continuais de dessiner mes parodies de séries connues ou mes petits scénarios originaux.
La vie n’était pas si mal. »

Une première rencontre fait des étincelles entre ces deux hommes que tout oppose. Comment se comprendre quand on n’a, semble-t-il, rien en commun ? Cette relation, qui commence mal, donne lieu à des situations très drôles, des quiproquos et quelques malentendus. Les sentiments de Kyan et Andréas vont ensuite évoluer lentement. Sortir de sa zone de confort, se poser des questions sur sa sexualité, imaginer un avenir différent, prendre des risques… Sont-ils prêts à se lancer ?

Lily Haime et Rohan Lockhart nous entraînent dans un roman joyeux et tendre, une histoire douce qui prend le temps de se construire entre deux personnages très attachants. L’univers est bien construit, le rythme maîtrisé. Les personnages secondaires sont également bien exploités. Brook m’intrigue au plus haut point et Chase, cet écorché vif, m’a bouleversée par ce qu’il a vécu et son incapacité à communiquer. Une lecture comme on les aime, pleine de positivité, qui donne la pêche et le sourire.

Kyan est présent dans la série « Love & Game » de Rohan Lockhart (très belle découverte également) et d’après ce que j’ai lu, sa collaboration avec Lily Haime devrait se poursuivre dans le même univers que « Run Away ». J’espère de tout cœur découvrir les histoires de Chase et de Brook car je suis curieuse d’en apprendre davantage à leur sujet.

Extrait du roman « Run Away » de Lily Haime et Rohan Lockhart

Debout devant le bureau, j’observais, sans comprendre, un dessin trop explicite d’une version de moi. J’ignorais ce qui me semblait le plus improbable. Qu’il puisse dessiner mon corps avec une telle facilité ou l’érection monstrueuse qui prenait presque la moitié de l’écran ?
Mon cœur bondit dans ma poitrine, si fort que je manquai un instant de souffle. Mes pensées tournaient trop vite pour que je comprenne quoi que ce soit. Et avant même que j’arrive à faire le tri, la tablette s’éteignit d’un coup sec.

***

Il me fixa une longue seconde, et, finalement, brancha de nouveau sa tablette. Aussitôt après, il fit un pas en arrière, prudent. Qu’est-ce qu’il croyait ? Que j’allais lui casser la gueule ?
La tête penchée, je m’auscultai sous tous les angles, clignant des yeux devant le soin qu’il avait mis dans certains détails. J’avais l’impression d’une caresse intrusive, dont je ne connaissais rien. J’ignorais quoi ressentir. J’ignorais même si je devais ressentir quoi que ce soit.
— C’est bon ? me supplia Kyan. Tu en as assez vu ?
Je lui jetai un coup d’œil. Il se tenait derrière, à bout de souffle, les yeux étrangement brillants.
— Je ne suis pas sûr, avouai-je.
— Andréas, murmura-t-il. C’est juste…
— Ça ferait la fierté de ma mère, le coupai-je.
J’étais certain que Yolanda garderait précieusement ce genre de dessin.
Peut-être même qu’elle l’encadrerait.
— Elle qui se vante toujours de la beauté des Kyros, ris-je.
Je pointai l’immense queue, les yeux un peu exorbités.
— Et je suis censé faire quoi avec ça ? ironisai-je.
— Va-t’en, par pitié, supplia Kyan.
Je secouai la tête.
— Tu es au courant que personne n’encaisserait un truc pareil…
— Si tu ne pars pas de suite, Andréas…. !
Il était si rouge que je craignis soudain qu’il parte en combustion spontanée.
J’essayais de ne pas exploser de rire.
— Attends… me moquai-je, il va falloir revoir la cohérence, en termes de proportions.
Il ferma les yeux, les mains sur les oreilles.
— Arrête.
— Mais je suis flatté, continuai – je. Vraiment. Si tu m’imagines comme ça…
— C’est fantaisiste ! hurla-t-il. OK ! On s’en tape de la cohérence !
De la gêne à la colère, il n’y avait qu’un pas.
D’un coup, il débrancha définitivement la tablette, sans plus me laisser le choix.
— Tu veux que je te montre ? plaisantai-je. Je suis un modèle bien vivant, si tu veux revoir tes bases en anatomie.
Il m’attrapa par le bras pour essayer de me traîner jusqu’à la porte.
— S-sors ! exigea-t-il, le visage cramoisi.
— Par contre, je ne suis pas sûr d’aimer l’anneau sur le téton.
Un grondement lui échappa, il m’amusa encore plus.
— Rentre chez toi.
— Je n’ai pas bu mon café !
— Ne reviens plus en pleine nuit ! Ni même jamais !